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Interview : Sébastien Marsat, Directeur de l’URMA Mayenne

Arrivé en 1996 à la Chambre de Métiers en tant que formateur, Sébastien Marsat prend le poste de responsable pédagogique du Centre de Formation en 2010. Puis en 2017, il devient directeur de l’URMA Mayenne. 

Pensez-vous que les apprentis ont fait le bon choix pour leur avenir professionnel ?
S.M “Je serais mal placé pour dire non ! Mon parcours en tant que formateur m’a permis de le constater. J’ai toujours été en contact avec les apprentis et j’ai pu en voir un grand nombre se révéler au travers de l’apprentissage. Certains n’étaient pas en appétence avec le milieu scolaire, parfois même en rejet, mais ils y ont trouvé une autre manière d’apprendre. Ils ont repris ce goût au contact de l’entreprise. Cela leur a permis de suivre leur cursus et de s’intégrer professionnellement à de très bon postes, tout en s’épanouissant. Si on revient 10 ans en arrière, ceux qui avaient un bon niveau scolaire devaient se battre pour entrer en apprentissage : contre le système, les avis, l’orientation et les idées reçues… Ça existe toujours, mais c’est de moins en moins vrai. L’image de l’apprentissage a changé.”

Quel regard portez-vous sur l’apprentissage ?
S.M “L’apprentissage n’est pas la meilleure voie. C’est une voie parmi d’autres, mais qui permet d’apprendre différemment. C’est une modalité pédagogique particulière qui met l’expérience en entreprise au cœur du développement de la compétence. Et pour les profils où il n’y a pas suffisamment de maturité chez le jeune pour intégrer le monde du travail, le système du lycée professionnel s’y prête très bien. Ce qui est important, c’est de maintenir une offre de formation qui réponde à tous les profils. En bref, il faut de tout pour faire un monde ! Il y a bon nombre de chefs d’entreprise qui sortent de la formation par apprentissage, qui gagnent très bien leur vie, qui sont épanouis, en apprenant leurs responsabilités par l’expérience. Donc, il n’y a pas de voie unique pour s’insérer professionnellement.”

Quel est le cliché sur l’apprentissage qui vous énerve le plus ?
S.M “C’est de comparer les formations à temps plein et en apprentissage. Et ça va dans les deux sens, parce qu’il y a des jugements de valeur derrière tout ça. Je n’apprécie pas qu’on dise que passer par l’apprentissage est connoté socialement de manière négative. Mais de la même façon, je n’aime pas entendre dire que l’apprentissage est bien mieux que la filière générale. Ce sont des jugements de valeur qui n’ont pas lieu d’être, parce qu’on met en parallèle des modalités d’enseignement différentes. Je lutte contre cette idée reçue dans un sens comme dans l’autre. L’important, c’est que l’apprenant trouve sa bonne modalité de développement.”

Quelles vérités sur l’apprentissage voulez-vous que tout le monde sache ?
S.M “Est-ce qu’on apprend à faire du vélo en lisant un manuel d’équilibriste ? Ou… Est-ce qu’on est tombé un petit peu, on s’est relevé, et on a développé des compétences ? L’apprentissage, c’est ça. On s’essaie à certaines tâches en étant encadré. Et la vérité, c’est que cette modalité d’enseignement est comparable à ce que l’on vit chaque jour en faisant de nouvelles expériences, y compris professionnellement. En entreprise, on commence rarement par lire un manuel théorique. On est confronté à une activité professionnelle et on va chercher les notions dont on a besoin, tout en faisant sa propre expérience. Donc, on commet des erreurs et on apprend à les comprendre.”

L’alternance est-il le meilleur moyen de donner du sens à ses études ?
S.M “C’est un moyen de donner du sens parmi tant d’autres.”

Que diriez-vous à un jeune qui hésite entre l’alternance et une autre formation ?
S.M “Je le questionnerais en lui demandant où est sa motivation. Que ce soit pour de l’alternance ou une formation à temps plein, c’est la motivation de la personne qui compte. Ce vers quoi elle a envie d’aller. Il faut qu’elle arrive à définir ça. Si quelqu’un me pose cette question là, ce qui m’intéresse, c’est ce qui l’a met en alerte. Les réponses sont chez les personnes. Les motivations de l’un sont différentes de celles d’un autre, et pourtant, peut-être que tous deux iront vers l’apprentissage ou une formation à temps plein. C’est de la responsabilité du Centre de Formation que de poser les bonnes questions pour que l’individu trouve ses réponses.” 

Et à ses parents ?
S.M “Je leur conseillerais de l’accompagner dans la compréhension de ses motivations. C’est la bonne clé à utiliser. Et attention aux représentations et aux clichés. On est tous passé par un système de formation. Le mauvais réflexe serait de dire que mon modèle, le système par lequel je suis passé, est le bon parce que j’ai réussi. Ce n’est pas comme ça que ça marche.”

Le plus important pour vous, c’est le savoir-faire ou le savoir-être ?
S.M “Le savoir-être est super important, parce que c’est lié au tempérament et au comportement de la personne. C’est peut-être ce qu’il y a de plus long et de plus difficile à travailler. De plus en plus d’entreprises recrutent des apprentis pour leur capacité à s’intégrer, même s’ils n’ont pas encore tout à fait la compétence. Ça positionne le savoir-être. Mais pour autant, s’il n’y a pas un développement de compétences qui amène un savoir-faire, ça ne marchera pas non plus. Donc les deux vont ensemble. Ce qu’on appelle la compétence est l’interaction entre le savoir théorique, le savoir-être et le savoir-faire. C’est quand on a la maîtrise des trois sur un sujet qu’on est compétent.”

Rendez-vous sur www.urmapaysdelaloire.fr pour découvrir la formation en alternance.