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Interview : Sarah Feunteun, développeur de l’apprentissage

Après des études universitaires en psychologie sociale, et diplômée d’un master 1, Sarah Feunteun commence sa carrière dans un institut médico-éducatif, en travaillant auprès de personnes atteintes de troubles mentaux. Un an plus tard, elle suit son mari ayant obtenu un poste d’enseignant dans la Sarthe, et propose sa candidature à la Mission Locale. Pendant 17 ans, Sarah s’occupe de jeunes de 16 à 25 ans en décrochage scolaire, et du recrutement pour la partie employeur. Cette expérience l’amène à être recrutée au Centre de Formation du Mans de l’URMA. Depuis 3 ans, Sarah accompagne les apprentis et les entreprises dans l’apprentissage, et fait la promotion des métiers de l’URMA dans les salons, forums, collèges et lycées.

Pensez-vous que les apprentis ont fait le bon choix pour leur avenir professionnel ?
S.F “Oui, je suis pour l’apprentissage. Alors que ce n’était pas mon parcours à l’époque, je pars du principe qu’aujourd’hui, cette voie est la meilleure façon d’apprendre un métier et d’intégrer un poste de travail. Peu importe qu’on commence à 15 ou 22 ans, c’est le message que je véhicule quand je me rends dans les collèges. À un moment dans son cursus, il faut inclure de l’alternance. Que ce soit en BTS, en master ou en école d’ingénieurs, les jeunes ont la chance de pouvoir le faire à l’heure actuelle. Car ce n’était pas possible auparavant. Il y a 20 ans, c’était une voie de garage. Aujourd’hui, l’apprentissage est vécu comme une voie d’excellence pour entrer plus facilement dans la vie active.”

Quel regard portez-vous sur l’apprentissage ?
S.F “Personnellement, j’aurais apprécié faire de l’alternance pendant mes longues études. À un moment donné, on peut avoir besoin d’autonomie financière par exemple. Cependant, il faut être prêt à s’engager dans l’apprentissage. Le projet professionnel se réfléchit et tout le monde n’est pas mûr à 15 ou 18 ans. J’ai l’habitude de dire aux jeunes qu’il faut se comprendre et s’écouter afin de mieux se lancer. Il y a beaucoup de contraintes, parce qu’on devient salarié et que l’on signe un contrat avec un employeur. Les exigences de l’entreprise ne sont plus les mêmes à partir du moment où un salaire est versé. Il faut avoir toutes ces informations au préalable avant de se décider. Ça fait partie de ma mission en tant que développeur.”

Quel est le cliché sur l’apprentissage qui vous énerve le plus ?
S.F “Ça m’agace quand j’entends que c’est une voie de garage. Il existe aussi un discours sur le fait que l’apprentissage est réservé à ceux qui ne réussissent pas à l’école. Mais il y a également les clichés véhiculés par l’éducation nationale… Alors que celle-ci enferme des jeunes dans des formations qui ne débouchent sur rien, ou des métiers pas porteurs.”

Quelles vérités sur l’apprentissage voulez-vous que tout le monde sache ?
S.F “C’est la meilleure voie pour se former. Les métiers de l’URMA ne peuvent s’apprendre que par l’apprentissage. Ce sont des savoir-faire manuels et très techniques. Il faut passer par le terrain pour les acquérir.”

L’alternance est-il le meilleur moyen de donner du sens à ses études ?
S.F “Quand il sait ce qu’il veut faire, un jeune n’a pas besoin de passer par une autre voie. Son projet est confirmé très rapidement. Généralement, ça passe ou ça casse. Ils ont une période d’essai de 45 jours, et ceux qui se sont trompés dans leur orientation s’en rendent compte tout de suite. En passant par le terrain, c’est assez radical. Pas besoin de faire 2 ans de formation pour s’apercevoir de son erreur.”

Que diriez-vous à un jeune qui hésite entre l’alternance et une autre formation ?
S.F “Tout dépend s’il est prêt à s’engager vers l’apprentissage. Dans le cas contraire, il vaut mieux poursuivre une filière classique, et revenir un peu plus tard. C’est vraiment important d’avoir pris en compte toutes les contraintes et les changements que l’apprentissage implique. Certains savent qu’ils sont prêts parce que leurs parents sont passés par là. Pour d’autres, ça peut être une passion qui arrive très tôt. Enfin, il y a ceux qui ont besoin de se confronter à un stage pour savoir.”

Et à ses parents ?
S.F “Je leur conseille de bien se renseigner sur la législation du travail. L’artisanat a ses particularités et n’est pas toujours facile. On est sur un secteur, où avant, les employeurs pouvaient travailler 50 à 60 heures par semaine. Aujourd’hui, le travail et les générations ont changé. Mais, il peut y avoir un gros décalage entre les jeunes et certains employeurs. De plus, les parents sont signataires du contrat d’apprentissage. Donc, ils doivent s’impliquer et montrer qu’ils sont présents. D’autant plus quand le jeune est mineur, puisque les parents sont responsables du suivi de la formation.”

Le plus important pour vous, c’est le savoir-faire ou le savoir-être ?
S.F “Pour moi, ça va ensemble. On peut avoir le savoir-faire, mais sans l’attitude professionnelle, le contrat ne va pas fonctionner. Et à l’inverse, on peut avoir le savoir-être, mais sans le savoir-faire, le jeune est en difficulté dans son insertion.”

Rendez-vous sur www.urmapaysdelaloire.fr pour découvrir la formation en alternance.