Artiste plasticien de formation, Emmanuel Le Cam commence son parcours professionnel en tant que directeur artistique dans le milieu associatif pendant 10 ans. En créant des événements autour de l’art contemporain et de l’artisanat, il prend la direction du pôle culturel de la Passerelle à La Gacilly, gérée par l’entreprise Yves Rocher. Ensuite, Emmanuel reprend des études en décoration d’intérieur et en design d’espace pour travailler sur de la scénographie d’événements. Il y a 5 ans, il crée son entreprise et se lance dans la formation par goût. À maintenant 44 ans, Emmanuel intervient à l’URMA Maine-et-Loire auprès des apprentis.
Pensez-vous que les apprentis ont fait le bon choix pour leur avenir professionnel ?
E.L.C “À 90%, oui. En tant que référent d’une classe de boulangerie, je suis amené à contacter les entreprises. Et la question de savoir si l’apprenti a trouvé la voie qui lui correspond se pose très vite. Pour la grande majorité, c’est le cas. Mais il y a toujours des gens qui ont du mal à trouver leur place. Parce qu’il y a le métier, mais aussi l’école… Certains peuvent avoir des phobies scolaires. Donc, c’est là qu’intervient la prépa-apprentissage. Cela leur permet de retrouver un rythme, le goût d’apprendre et le collectif. L’objectif consiste à les aider dans leur orientation, mais aussi à casser leur isolement.”
Quel regard portez-vous sur l’apprentissage ?
E.L.C “Pour avoir suivi un parcours classique, je trouve que l’apprentissage est une solution très positive. Dans le sens où, beaucoup font des études, mais ne savent pas ce qu’est un métier. On cherche du boulot, on a des compétences, mais pas manuelles. Avec l’apprentissage, c’est l’un des meilleurs moyens de se former à l’artisanat. En effet, ces métiers ne s’apprennent pas dans les livres.”
Quel est le cliché sur l’apprentissage qui vous énerve le plus ?
E.L.C “C’est l’image qu’ont certains de l’alternance. Vous êtes en échec scolaire, donc faites de l’apprentissage.”
Quelles vérités sur l’apprentissage voulez-vous que tout le monde sache ?
E.L.C “C’est l’un des moyens les plus efficaces pour apprendre un métier artisanal. Mais le problème, c’est que l’apprentissage est méconnu. Beaucoup pensent que c’est un moyen détourné pour garder les jeunes dans le système scolaire, alors que c’est une excellente façon de réussir. On n’est pas tous des bureaucrates, et heureusement. D’ailleurs, les maîtres d’apprentissage nous le disent. Quand les jeunes sont bien dans l’entreprise, ils sont très assidus et motivés.”
L’alternance est-il le meilleur moyen de donner du sens à ses études ?
E.L.C “Ce n’est pas le meilleur moyen. C’est une solution parmi d’autres. Parce qu’être en immersion en entreprise, ça peut parfois être déstabilisant. Tout dépend de la personne. Entrer dans le monde de l’entreprise demande d’apprendre ses codes. Et si on est timide ou introverti, on peut être malmené.”
Que diriez-vous à un jeune qui hésite entre l’alternance et une autre formation ?
E.L.C “Je pense que ça doit venir du jeune. Quelqu’un qui a un parcours compliqué ne doit pas être forcé à aller dans des études classiques, c’est certain. Et la prépa-apprentissage est là pour ça. Elle permet de découvrir un autre système de scolarité qui peut être bénéfique pour certains et moins pour d’autres.”
Et à ses parents ?
E.L.C “Je leur dirais que la prépa-apprentissage, dans un parcours scolaire, ça reste 9 mois dans une vie. Il n’y a rien à perdre et tout à gagner. Donc, permettre à son enfant de rentrer en prépa-apprentissage, c’est lui donner des possibilités qu’il n’aurait pas eu autrement. Ce n’est que du positif.”
Le plus important pour vous, c’est le savoir-faire ou le savoir-être ?
E.L.C “Les deux ! Parce que quand on cherche à rentrer dans le monde du travail, on va nous demander des compétences, donc un savoir-faire, mais aussi un savoir-être. Il faut avoir une bonne attitude pour s’intégrer et mettre ses problèmes de côté.”
Rendez-vous sur www.urmapaysdelaloire.fr pour découvrir la formation en alternance.