À la fin du collège, Emmanuel Fortin s’oriente en 1985 vers un CAP pâtissier, puis un CAP boulanger en alternance. À l’époque, le brevet de maîtrise se passait en candidat libre. Donc, il le suit pendant ses jours de repos et l’obtient en 3 ans. Ensuite, il effectue un Tour de France en compagnonnage pendant 3 ans. Par la suite, Emmanuel explore les différentes facettes du métier en tant que salarié. Il travaille dans l’industrie, la grande distribution et l’artisanat. En 1994, il s’installe finalement à son compte avec son épouse, et ouvre sa boulangerie avenue Bollée au Mans.
Avez-vous un regret par rapport à votre parcours professionnel ?
E.F “Non, parce que ma carrière se passe bien. J’ai fait ce que je voulais, et je suis devenu mon propre patron. Mon parcours m’a laissé découvrir tous les aspects du métier de boulanger. Ce n’est pas l’industrie et la grande distribution qui m’ont le plus éclaté, mais ces expériences m’ont permis de voir des choses différentes de l’artisanat. Par exemple, la gestion et le management qui ne se passent pas de la même manière. Tout cela m’a aidé à savoir ce que je voulais faire après.”
Si vous deviez recommencer à zéro, feriez-vous les choses autrement ?
E.F “Ça me rajeunirait, c’est sûr. Mais dans les grandes lignes, je ferais pareil. En tant qu’ouvrier, il y a des entreprises où ça s’est moins bien passé que d’autres. Cependant, je n’ai jamais eu de difficultés pour trouver du travail dans l’artisanat. On est toujours en recherche de salariés dans nos métiers. Mon seul regret serait de ne jamais être allé à l’étranger pour découvrir une autre langue et une culture différente. Ça m’aurait plu.”
Quel est le cliché sur votre métier qui vous énerve le plus ?
E.F “Le travail de nuit et le weekend, mais ça m’énerve sans m’énerver. Certaines personnes se rendent compte que les horaires décalés peuvent être une contrainte. Mais en tant que professionnel, on finit par s’y faire. Même si ça peut être compliqué parfois.”
Quelles vérités de votre métier voulez-vous que tout le monde sache ?
E.F “Que la plupart des artisans fabriquent tout de A à Z. On n’est pas des tricheurs, mais beaucoup de gens ne font pas la différence entre une boulangerie et un point chaud. Il arrive que certains fassent l’amalgame à cause des émissions télévisées sur le congelé. Ça m’agace un peu d’entendre dire que les artisans ne fabriquent plus leurs galettes, ou que les croissants sont décongelés.”
L’alternance est-il le meilleur moyen de donner du sens à ses études ?
E.F “Pour l’artisanat, c’est certain. Quand on apprend un métier manuel, c’est la logique des choses. Il faut pratiquer pour maîtriser les gestes. Les jeunes sont confrontés directement au monde du travail. On ne leur cache rien. Donc, ils comprennent tout de suite si le métier leur convient ou pas. Il n’y a pas de surprise. Ils savent qu’il y a des périodes où on travaille plus, à Pâques ou pendant les fêtes par exemple.”
Que diriez-vous à un jeune qui hésite entre l’alternance et une autre formation ?
E.F “Il faut privilégier l’apprentissage. C’est vrai que les élèves ayant un bon niveau sont tentés d’aller en lycée professionnel. Mais en stage, je vois nettement la différence avec un apprenti. Le niveau n’est pas le même sur la pratique. Les gestes, la rapidité d’exécution et la dextérité ne sont pas là. Sinon concernant la théorie, ils percutent assez rapidement en règle générale.”
Et à ses parents ?
E.F “Si leur enfant veut devenir boulanger, mieux vaut aller vers l’apprentissage. Il y a beaucoup de possibilités avec cette formation maintenant. Un jeune peut étudier jusqu’au BP ou au BTM pour se spécialiser et apprendre plus de choses. Les niveaux de formation sont suffisamment élevés pour que le jeune s’éclate. Avec en plus des rémunérations très correctes, il peut voir les différents volets de l’entreprise jusqu’à la gestion. Cette dernière notion n’est d’ailleurs pas encore assez enseignée à mon sens.”
Le plus important pour vous, c’est le savoir-faire ou le savoir-être ?
E.F “Les deux vont ensemble. Quand le savoir-faire est acquis, le savoir-être suit naturellement. Tout cela s’apprend pendant l’apprentissage. Quand un apprenti a seulement 15 ans, il y a parfois des choses à revoir. Mais la plupart des gens en CAP arrivent à l’heure, sont polis, motivés, et ont une certaine vision du métier. Ils ont un projet en tête et mettent toutes les chances de leur côté pour y arriver.”
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