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Interview : Cédric Vinter, charcutier traiteur et maître d’apprentissage 

Cédric Vinter commence son cursus dans une école hôtelière au Mans pendant 5 ans. Il suit un CAP, un BEP et un BP cuisine et continue avec un CAP pâtissier chocolatier avant de faire des saisons dans des palaces, des hôtels et des restaurants étoilés. Ensuite, il part faire son service militaire et reprend ses études pour faire un BP charcutier traiteur en alternance. En effet, ayant trouvé un employeur qui avait besoin d’un charcutier, il est recruté à la condition de suivre une formation. Après 5 ans passés en tant que salarié, Cédric ouvre sa propre entreprise à Bonnétable dans la Sarthe en 2003. À aujourd’hui 46 ans, il exerce tout en formant des apprentis dans sa boutique.

Avez-vous un regret par rapport à votre parcours professionnel ?
C.V “Non, pas du tout. Je suis content de mon expérience et de mon parcours. Malgré les crises successives, j’ai su me réinventer et me remettre en question dans ma pratique. C’est un challenge que j’ai relevé avec mon entreprise pendant 18 ans. Je suis fier de ce que je suis devenu et de ma renommée. Il a fallu 10 à 15 années pour que mon savoir-faire soit connu et reconnu dans la région. C’est un travail de longue haleine. Il faut valoriser la qualité et être à l’écoute des clients.”

Si vous deviez recommencer à zéro, feriez-vous les choses autrement ?
C.V “Pour certaines choses peut-être… Gérer une entreprise n’est pas simple. On fait tous des erreurs, mais celles-ci servent aussi à avancer. Il faut être capable de les reconnaître et de les accepter afin de mieux apprendre. C’est ce que je dis tous les jours à mes apprentis.”

Quel est le cliché sur votre métier qui vous énerve le plus ?
C.V “Je me bats tous les jours, notamment avec l’apprentissage, pour que le charcutier traiteur soit mieux reconnu dans les métiers de bouche. La profession est un peu noyée entre les bouchers, les cuisiniers, les restaurateurs… Parce que le champ de compétences du charcutier traiteur est très complet. Notre savoir-faire s’étend de l’entrée au dessert. Donc, il faut savoir un peu tout faire : connaître les morceaux de viande pour désosser, cuisiner pour la partie traiteur, préparer des desserts, mettre en place un repas pour une réception, et enfin, s’occuper de la transformation du porc. L’image du charcutier traiteur commence à se clarifier, mais il y a encore du travail à faire.”

Quelles vérités de l’apprentissage voulez-vous que tout le monde sache ?
C.V “C’est un métier d’avenir parce qu’il est riche. On ne travaille qu’avec des bons produits et c’est notre force. On transforme la matière première pour que le client soit satisfait. Ça demande beaucoup d’exigence et de rigueur.”

L’alternance est-il le meilleur moyen de donner du sens à ses études ?
C.V “Je suis un fervent défenseur de l’apprentissage. Depuis 18 ans, j’ai formé entre 25 et 30 apprentis. Je reçois également beaucoup de stagiaires pour leur faire découvrir le métier. Je suis fier de le leur faire connaître. Même si les jeunes ne sont pas conquis, au moins, ils peuvent en parler plus facilement. Et si la passion est là, j’essaie de les pousser le plus loin possible. Je leur conseille également d’avoir l’esprit ouvert et de prendre de l’expérience dans plusieurs maisons.”

Que diriez-vous à un jeune qui hésite entre l’alternance et une autre formation ?
C.V “Tout dépend du métier qu’il veut faire. Cependant, l’apprentissage reste la meilleure filière pour apprendre les métiers manuels. Cela permet de se former à un savoir-faire correctement et de trouver du travail plus facilement derrière. Un apprenti mûrit pendant ses études, c’est complètement différent d’une filière classique.”

Et à ses parents ?
C.V “Il faut que les parents soient derrière eux afin de les soutenir. Au départ, ce n’est pas forcément évident. 2 ou 3 mois sont nécessaires pour qu’ils s’adaptent au rythme de l’entreprise. Après l’euphorie du début, les jeunes s’aperçoivent que travailler implique de se lever tôt le matin et d’avoir une certaine condition physique et mentale. Donc, ils peuvent baisser les bras à un moment. Pour qu’ils se remotivent, il faut que les parents les soutiennent dans leur démarche.”

Le plus important pour vous, c’est le savoir-faire ou le savoir-être ?
C.V “Le savoir-faire est très important. Une fois qu’on sait faire, on peut exister. Pour moi, il faut faire ses preuves afin d’asseoir sa notoriété.”

Rendez-vous sur www.urmapaysdelaloire.fr pour découvrir la formation en alternance.