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Interview : Benoit Gautron, professeur de pâtisserie

Passionné par la pâtisserie depuis son plus jeune âge, Benoit Gautron abandonne ses études secondaires pour revenir vers un CAP en alternance à l’URMA Vendée. Ensuite, il est embauché en tant qu’ouvrier. Après plusieurs années dans diverses entreprises, Benoit passe son BM en formation continue tout en travaillant. Ainsi, il acquiert des responsabilités au sein du laboratoire. De fil en aiguille, Benoit arrive à l’enseignement. Et depuis maintenant 30 ans, il est professeur de pâtisserie à l’URMA Vendée.

Pensez-vous que les apprentis ont fait le bon choix pour leur avenir professionnel ?
B.G “J’en suis plus que convaincu. Bien entendu, je parle des apprenants qui sont dans le travail et la dynamique de s’améliorer en permanence. Pendant le confinement, le chiffre d’affaires des pâtissiers faisait 70% de moins. À la fin de l’année dernière, du fait de la fermeture des restaurants, celui-ci faisait 30% de plus que l’année précédente. En 2021, il est déjà à 20% de plus et les pâtissiers manquent de bras ! Et puis, on a des apprentis qui partent à l’étranger dans de grandes maisons. C’est vrai qu’il y a beaucoup de travail, et ces jeunes ont des parcours qui valent un bac +5.”

Quel regard portez-vous sur l’apprentissage ?
B.G “L’apprentissage a le mérite de mettre les jeunes dans la réalité des choses tout de suite. Ils ont une semaine de cours et deux en entreprise. Ainsi, ils découvrent le quotidien du métier. C’est-à-dire fabriquer pour vendre, s’intégrer à un commerce et dialoguer avec les fournisseurs. Ils se rendent compte que la vie d’un artisan, c’est être dans la communication, la création, la gestion…”

Quel est le cliché sur l’apprentissage qui vous énerve le plus ?
B.G “C’est la voie de garage ! Tu fais ça parce que tu n’es pas capable de faire autre chose… C’est ça le cliché ! On a beaucoup d’adultes qui viennent en reconversion. Et ces derniers prennent de grosses claques, parce que des petits jeunes avec seulement 2 ans d’étude leur font la pige sur leur savoir manuel. La plupart ne comprennent pas. Ce que les gens oublient, c’est que les Pierre Hermé et les Christophe Michalak sont sortis de ces filières.”

Quelles vérités sur l’apprentissage voulez-vous que tout le monde sache ?
B.G “C’est une voie d’excellence, seulement si on s’en donne la peine. On dit à nos élèves qu’ils ont de l’or dans les mains. Leur savoir-faire est reconnu que ce soit en France ou à l’étranger. Parfois, nous voyons arriver des jeunes en échec scolaire qui se révèlent chez nous.”

L’alternance est-il le meilleur moyen de donner du sens à ses études ?
B.G “Les jeunes sont dans le concret. Quand on leur parle de mise en place, d’organisation, de relation client… Ce sont des choses qu’ils peuvent constater au quotidien dans leur entreprise. Donc, ce n’est pas de la théorie et c’est l’idéal. Ça leur donne un objectif.”

Que diriez-vous à un jeune qui hésite entre l’alternance et une autre formation ?
B.G “Je lui dirais qu’il doit savoir ce qu’il veut faire. S’il se sent trop jeune pour rentrer dans le monde du travail, il vaut mieux rester dans la formation continue. Parce qu’il y a une réelle coupure avec les amis et la famille du fait de l’alternance. Il pourra revenir vers l’apprentissage plus tard. Celui qui est en rejet de l’école traditionnelle, qui a besoin de bouger, de s’exprimer… Pour lui, l’apprentissage est préférable.”

Et à ses parents ?
B.G “Je les rassure. Si le jeune se morfond sur les bancs de l’école, l’alternance va lui permettre de se révéler. Il y a des échecs, mais ce que je leur conseille, c’est d’être attentif et de rencontrer les maîtres d’apprentissage afin de se tenir au courant de l’évolution de leur enfant.”

Le plus important pour vous, c’est le savoir-faire ou le savoir-être ?
B.G “Les deux. L’un sans l’autre, il n’y a pas d’évolution possible à mon sens. Il faut travailler les deux. En règle générale, quand les jeunes progressent sur le plan manuel, ils gagnent en maturité sur le plan intellectuel et le savoir-être.”

Rendez-vous sur www.urmapaysdelaloire.fr pour découvrir la formation en alternance.