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Interview : Aurélie Mallard, professeur d’anglais

Après des études d’anglais, Aurélie Mallard part en Angleterre pendant quelques années pour y enseigner le français. De retour en France, elle souhaite continuer d’enseigner. Mais n’ayant pas passé le concours de l’éducation nationale, Aurélie travaille pour la Chambre de commerce et le CNAM. Elle finit par obtenir des vacations à la Chambre de Métiers et de l’Artisanat. Depuis 15 ans et à maintenant 45 ans, Aurélie est professeur d’anglais à l’URMA Vendée.

Pensez-vous que les apprentis ont fait le bon choix pour leur avenir professionnel ?
A.M “Oui, je trouve que l’apprentissage permet aux jeunes de découvrir le monde du travail et de savoir ce qu’ils aiment. À 15 ou 16 ans, ce n’est pas toujours évident de choisir une voie. Qu’ils y restent ou pas, l’apprentissage leur permet d’être fixés… Plutôt que de rester dans le cursus général et sortir à 18 ans sans aucune vision sur la vie professionnelle. C’est une première entrée dans le monde du travail qui facilite la recherche d’emploi et l’intégration.”

Quel regard portez-vous sur l’apprentissage ?
A.M “Étant professeur d’enseignement général, c’est plus compliqué que dans un collège classique. Beaucoup de jeunes en apprentissage ont simplement envie d’entrer dans la vie active, ou sont en rupture avec le système scolaire, et les matières générales ne les passionnent pas particulièrement. De plus, le rythme de l’alternance est assez soutenu entre les attentes de l’employeur et celles des enseignants. Donc il faut trouver des stratégies d’enseignement différentes, mais j’aime ce challenge. Aller à l’essentiel tout en réussissant à les intéresser et les motiver… Ils sont déjà un peu réfractaires au travail scolaire, donc il faut les accompagner et adapter l’enseignement pour leur redonner confiance.”

Quel est le cliché sur l’apprentissage qui vous énerve le plus ?
A.M “Les gens pensent que les jeunes vont vers l’apprentissage par défaut. Alors que la plupart des apprentis choisissent cette voie. Je côtoie des professeurs de l’éducation nationale. C’est moins vrai maintenant, mais il y a 10 ans nous n’étions pas des enseignants pour eux. Il y avait vraiment un dénigrement de l’apprentissage parce que c’était des jeunes qui n’avaient pas les capacités de faire autre chose à leurs yeux. Si on ne rentre pas dans le moule de l’éducation nationale, on ne vaut pas grand-chose… Alors que je suis convaincue du contraire. Je vois que les jeunes issus de l’apprentissage sont en poste dans l’année qui suit leur diplôme. C’est vraiment un moyen de rentrer dans la vie active qui est plus simple et plus efficace.”

Quelles vérités sur l’apprentissage voulez-vous que tout le monde sache ?
A.M “La plupart des enseignants n’ont pas le même cursus scolaire que dans l’éducation nationale. Nous avons une ouverture d’esprit qui est différente dans le sens où on a vécu d’autres choses, comme le monde professionnel. On peut apporter beaucoup aux apprenants par cette vision de la vie active. On a des exemples de jeunes qui font un CAP et finissent par ouvrir leur boulangerie à New York. Il n’y a pas d’autres moyens que de passer par l’apprentissage pour arriver à ce genre de parcours. C’est un tremplin.”

L’alternance est-il le meilleur moyen de donner du sens à ses études ?
A.M “Tout dépend de l’objectif professionnel. Tout n’est pas possible en apprentissage. Mais ça reste un moyen de découvrir les réalités et les contraintes de la vie professionnelle. Avoir un projet, c’est bien. Mais il faut avoir un pied dans le monde de l’entreprise pour comprendre certaines notions. Avoir une idée d’un métier et le vivre concrètement, c’est très différent. Il y a un fossé entre les deux et l’apprentissage leur permet de le combler assez rapidement. Les apprentis peuvent rebondir facilement si besoin, à l’inverse des jeunes qui passent des années à l’université.”

Que diriez-vous à un jeune qui hésite entre l’alternance et une autre formation ?
A.M “L’apprentissage est une porte ouverte vers le monde professionnel. Ils acquièrent un diplôme, mais aussi une réelle expérience professionnelle. Les jeunes peuvent avoir rapidement des responsabilités importantes dans l’entreprise. Et ils sont plus facilement employables. Un employeur qui a le choix entre un apprenti et quelqu’un d’autre n’hésitera pas très longtemps. Nos apprenants sont opérationnels tout de suite.”

Et à ses parents ?
A.M “Les parents s’inquiètent de l’avenir de leurs enfants. Donc, faciliter l’entrée de ces derniers dans le monde du travail est rassurant pour eux. Bien entendu, l’apprentissage ne se fait pas tout seul. Il y a le maître d’apprentissage, les formateurs, le professeur référent… Les jeunes sont bien suivis. Parfois, tout ne se passe pas comme prévu pour diverses raisons. Mais on est là aussi pour les accompagner, travailler avec l’employeur afin de faire en sorte que tout le monde s’y retrouve.”

Le plus important pour vous, c’est le savoir-faire ou le savoir-être ?
A.M “Je dirais le savoir-être… Peut-être parce que je suis professeur d’une matière générale et que l’enseignement professionnel est un peu plus flou pour moi. Mais surtout, je pense que finalement les compétences requises pour l’examen sont acquises par les jeunes principalement sur le terrain. Transmettre le savoir-être, le respect, l’ouverture d’esprit est essentiel dans ma mission en tant qu’enseignante.”

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